[Tribune du CRID - le 4 novembre 2024]
Défendre l’aide publique au développement, les droits fondamentaux et la démocratie partout dans le monde
Le Collectif de Recherche et d’Information pour le Développement (CRID) souhaite partager avec tou·tes sa profonde inquiétude face à la réduction massive de budget de l’aide publique au développement (APD) inscrite dans le projet de budget pour 2025.
Les impacts dévastateurs d’une réduction de l’APD
Cette baisse aurait des conséquences désastreuses pour des populations vulnérables de notre planète. Elle irait à l’encontre de l’engagement qu’affirme la France pour un monde véritablement juste, solidaire et démocratique. Dramatique pour les populations que l’aide française soutient, baisser l’APD ne peut en aucune façon être justifiée au nom d’un déséquilibre budgétaire produit par des années d’une politique économique irresponsable, injuste et foncièrement inégalitaire. Le redressement des comptes publics doit aller de pair avec le financement de ce qui est juste et rétablit l’égalité (devant l’impôt, devant l’accès aux droits fondamentaux).
Ne pas abandonner le renforcement de l’accès aux droits fondamentaux
La diminution de l’APD de la France priverait des centaines de milliers de personnes de l’accès à l’éducation, à la santé ou encore à l’eau potable... autant de besoins qui ne peuvent être financés autrement que par de l’argent public, déjà insuffisant, et auquel l’APD contribue. Et au sein de ces communautés, les membres les plus vulnérabilisés de ces communautés : les femmes et les enfants, seront les premières victimes.
Des populations vivant dans des pays qui restent victimes d’une histoire mondiale faite de colonialisme et pillage des pays riches, se trouveront alors privées d’un des rares mécanismes qui peuvent être aussi considérés comme contribuant à des réparations historiques.
Ne pas affaiblir le soutien à la démocratie
L’APD est un outil de solidarité et de justice sociale au niveau mondial ; et c’est aussi un outil contribuant à soutenir la démocratie et l’effectivité de l’accès aux droits humains. La réduction des financements affaiblira considérablement les initiatives de terrain renforçant les institutions démocratiques, le tissu associatif et la participation citoyenne. La crédibilité de la France, dont les autorités aiment dire qu’elle est berceau des droits humains et défenseuse des valeurs démocratiques, est alors en jeu.
Un appel à la cohérence politique
Ces dernières années, des engagements financiers ambitieux pour l’APD avaient été annoncés en soutien aux grandes causes pour un monde plus juste. Le retournement aurait encore davantage d’effets négatifs qu’une interruption de la croissance pourtant annoncée. Alors que sur la scène internationale, les plus hauts responsables politiques français se disent régulièrement à la pointe des combats pour les droits humains et pour la démocratie, cette incohérence alimenterait, comme à chaque fois que la parole donnée se révèle mensongère, un élément supplémentaire contribuant à déconsidérer la parole publique.
Défendre la démocratie, un bien commun mondial
En France, la participation électorale massive aux dernières législatives a montré un attachement fort aux valeurs démocratie et à des politiques qui assurent l’accès aux droits pour tou·tes avec des politiques publiques qui ne laissent personne de côté. L’aide publique au développement traduit l’engagement de la France pour ces mêmes aspirations. En soutenant des populations vivant dans les pays appauvris par un système de développement capitaliste et néolibéral, souvent pillés avec la complicité de dirigeants corrompus, l’APD fait partie de politiques publiques permettant l’émergence et le renforcement des sociétés inclusives et démocratiques. L’affaiblir par la réduction des financements ne peut que profiter à ceux qui prônent la mise en concurrence de tout avec tous, de tous et toutes, avec toutes et tous.
Appel à réagir : maintenir l’APD
En ces temps de grandes incertitudes mondiales, nous appelons le gouvernement à reconsidérer la décision de réduction de l’APD et à affirmer l’engagement de soutien à des politiques publiques qui répondent aux besoins de solidarité, une condition essentielle pour une démocratie qui profite pour toutes et tous. Le CRID en appelle à la responsabilité de tou·tes pour protéger et promouvoir un monde juste, équitable et vraiment démocratique.
>> SE MOBILISER
Coordination SUD appelle à manifester le 19 novembre à partir de 14h30 dans toute la France contre la baisse de l’APD, au moment même où les Député-es voteront sur le projet de loi de finances pour 2025. A Paris, une manifestation sera organisée à 14h30 Place Edouard Herriot près de l’Assemblée nationale.
Partout en France, Coordination SUD appelle à se mobiliser devant les préfectures, mairies et permanences parlementaires. [[Remplissez le formulaire en ligne]] pour recevoir les informations sur la mobilisation APD de Coordination SUD.