Rencontre avec Jean Luc Imbert, Président de l’association Amitié et Coopération France Cameroun (Dordogne)
Peux-tu nous parler de ton parcours militant ?
L’engagement est un élément central dans ma vie, en politique, en syndicalisme et en associatif. La première association où j’ai milité était SOS Racisme à son démarrage, puis à la LICRA (la Ligue internationale contre le racisme et l’antisémitisme). Puis avec ma femme, nous avons mis en suspens notre engagement bénévole au profit du fondement de notre famille. Nous avons adopté nos quatre enfants, dont deux au Cameroun, c’est comme cela que l’on en est venu a créé l’association Amitié et Coopération France Cameroun il y a 26 ans, au départ pour soutenir l’orphelinat en question.
Quelles sont les actions menées par Amitié et Coopération France Cameroun ?
En France, nous organisons des événements culturels qui nous permettent de lever des fonds pour financer les actions de nos partenaires au Cameroun. Depuis une dizaine d’année, nous aidons un dispensaire par le financement de matériel médical. Nous aidons aussi au fonctionnement d’une petite crèche associative, à la rénovation d’un centre d’accueil pour personnes en situation de handicap, ou encore par l’achat de matériel informatique pour une association de femmes. Nous continuons toujours à soutenir l’orphelinat par la participation aux frais de scolarité des enfants.
Photo de l’équipe médicale du dispensaire, partenaire d’Amitié et Coopération France Cameroun
Quelle est ta vision de la solidarité internationale ?
L’interconnaissance, la compréhension et le respect mutuel de l’autre.
Nous allons soutenir des projets qui sont portés par des partenaires locaux et ne pas « faire à la place de », ou imposer notre vision occidentale. Nous ne sommes pas à l’initiative des projets, nous répondons toujours à des demandes.
Nous travaillons dans le respect des cultures, coutumes et des mentalités du pays.
Amitié Coopération France Cameroun est une petite association familiale, avec un petit budget et nous voulons rester à taille humaine, travailler qu’avec des partenaires que l’on connaît bien. Il s’agit aussi de petites structures familiales comme la nôtre, qui veulent s’affranchir de l’aide de l’État. Il y a toujours un certain temps entre la prise de contact et le démarrage de l’action
Enfin, je dirais qu’on en peut pas prétendre faire de la solidarité internationale en fermant les yeux sur ce qui se passe chez nous. A l’inverse, on ne peut pas penser solidarité locale sans regarder ce qui se passe ailleurs, il est nécessaire de comprendre les relations d’interdépendance.
Il faut savoir aussi porter un regard critique sur l’humanitaire et l’aide au développement.
Pour notre part, nous faisons les choses en toute humilité, on sait l’impact que l’on peut avoir, mais aussi les limites. On ne prétend pas être ce qu’est pas, on fait peu de choses mais on les fait proprement, à notre hauteur, à notre dimension, dans le respect de l’autre.
Comment conçois tu le rôle du RADSI N-A et de ses membres face à la montée du racisme et des idées d’extrême droite ?
Le contexte politique actuel ne peut que nous inquiéter. Mes enfants sont les premiers concernés par le rejet de l’interculturalité. Nous avons toujours été attachés à ce que nos enfants maintiennent un lien avec leurs origines.
Je dirais qu’il est urgent de changer le regard sur les personnes étrangères, en particulier sur les personnes migrantes et nos associations ont un rôle à jouer.
Il faut « raisonner global, agir local » : continuer à faire de la pédagogie, à se défendre intellectuellement. Personne ne quitte son pays et ses proches de gaîté de cœur et ne prend le risque de mourir en mer sans raisons légitimes. Il faut trouver les canaux pour informer, sensibiliser en dehors des médias.
>> En savoir plus sur Amitié et Coopération France Cameroun : https://www.facebook.com/amicoopfc/...